Le chamanisme comme voie de sortie du labyrinthe - Icare 4/5
« Tout icarien est inévitablement confronté à la question de la vérité et du mensonge » nous-avertit Luc Bigé en introduction de ce quatrième volet. Icare, justement, dont le père, Dédale, place toute son inventivité à créer des leurres, ces formes qui imitent le vivant pour tromper ses proies … Comment peut-il y voir clair, aux côtés d’une présence aussi contraire à son archétype ? Cet éclaircissement passera dans un premier temps par l’acceptation « de mentir à son père pour aller vers sa propre vérité », ce qui est une donnée assez commune de la psychologie contemporaine* ; mais dans un second temps, et attention car là on monte d’un cran, à « voir au-delà des formes » : s’initier à la pensée magique. Entrer dans le monde des chamanes ; un chemin qui, selon Luc Bigé, ne peut se gravir sans guide…
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Dans son interprétation personnelle du mythe, et afin de poursuivre l’examen des différentes voies de sorties du labyrinthe, Luc Bigé nous invite dans ce volet précis à nous éloigner du tandem Dédale-Icare, pour étudier la relation de deux personnages adjacents au mythe. Adjacents mais non moins importants… Il s’agit de Polyidès (étymologiquement « celui qui change de forme ») et de Glaucos. Glaucos n’est autre que le fils de Minos et de Pasiphaé, donc le « beau-frère » du Minotaure, cette honte transgénique* que l’on refoule, et éloigne, en l’emprisonnant dans le labyrinthe…
Glaucos, justement, va connaitre une première mort dans ce labyrinthe, et c’est grâce à Polyidès qu’il ressuscitera. Mourir pour renaitre et ainsi sortir….
Le volet 2/5 de la présente collection avait évoqué une première voie de sortie du labyrinthe, centrée sur le courage d’Icare (énergie urano-prométhéenne). La seconde voie de sortie du labyrinthe (volet 3/5) s’est faite à travers les Arts Libéraux (la connaissance Hermès-Mercure). Cette troisième et dernière voie de sortie est placée cette fois sous le signe océanique et médiumnique de Neptune-Poseïdon…
Le Miel, c’est la manifestation du Sens, du Sacré
Luc Bigé nous exposera ainsi deux approches distinctes de l’initiation au Sacré, ce Miel, « à la fois fruit et quintessence du Soleil ». La première, qu’il nomme « occidentale et masculine » consiste à travailler, étudier pour in fine, peut-être « retrouver le goût de ce Miel ».
La seconde plus « animiste et féminine » consiste en une immersion directe dans le monde des mystères. C’est cette seconde voie que Glaucos empruntera, avec l’aide de Polyidès, et ainsi parvenir à sortir du labyrinthe. Cette démarche-ci, c’est exactement l’inverse de celle que Dédale a prise précédemment. Après tout il n’y a que les géomètres bloqués dans un environnement en 2D qui croient encore que les parallèles ne se rejoignent jamais !
* deux éléments de plus qui attestent, si besoin était, que les mythes sont atemporels et traversent toutes les époques…