Les deux portes de l’âme
Quelle résonance commune y-a-t-il entre l’anthroplologie ternaire telle que nous l’a décrite Michel Fromaget et l’œuvre de Proust, qui a toujours été considéré comme agnostique ? Un passage de son œuvre présente pourtant l’âme comme une demeure comportant deux portes : l’une « basse et honteuse » est celle de l’expérience, l’autre, « d’or » celle de l’imagination. Cette structure situe l’âme entre deux niveaux de réalité, présentés comme opposés en nature et en valeur.
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Ce qu’on connaît par expérience est entré en l’âme par les sens, le corps, venant du monde extérieur physique. Il y a donc un autre niveau de réalité au-delà de l’âme, mais dont la connaissance est présente a priori en elle, comme une mémoire innée.
L’imagination, nous dit ailleurs l’auteur, est la faculté de « connaître ce qui est absent » : son pôle est celui des aspirations qui tendent à l’infini, par nature hors de toute prise. D’où les perpétuelles et dramatiques méprises qu’entraînent les projections, elles-mêmes suscitées par la volonté captative…
Le trajet du héros proustien va-t-il lui permettre de reconnaître la réalité à laquelle ouvre la porte de l’imagination dont l’or inaltérable figurait dès l’abord la nature extratemporelle ? S’appuyant aussi bien sur les travaux de Gilbert Durand que sur les recherches des physiciens, tel Basarab Nicolescu, Hélène de Laguérie tente d’ouvrir notre attention au mystère des profondeurs de l’âme et d’une œuvre dont la source créatrice jaillit dans une expérience d’illumination…