La notion de combat chez Henry Corbin
« A quoi te sert ta connaissance si elle ne te porte pas à combattre ? » écrivait déjà le grand théosophe Jakob Böhme, dont Henry Corbin fut un lecteur assidu... Daniel Proulx nous propose justement d’interroger la récurrence, la définition et l’évolution de la notion de « combat » dans l’œuvre de Henry Corbin (1903-1978), célèbre orientaliste français qui s’est spécialisé dans l’étude – et la comparaison - des différentes structures philosophiques, angélologiques et prophétiques des courants anciens, qui ont irrigué la pensée iranienne (ismaélisme et mazdéisme).
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A travers l’étude de cette notion-pivot de « combat », Daniel Proulx nous emmène, pas à pas, dans une herméneutique comparée entre Coran et Bible, Islam shî'ite et Chrétienté...
« Nos démocraties actuelles se sont instituées contre le fait religieux. Derrière cette sécularisation se cache un totalitarisme d’un nouveau genre… »
En dégageant trois périodes de la vie de Corbin : 1945-55 (« les doctrines iraniennes anciennes »), puis 1961-68 (interventions Eranos, années s’accompagnant d’une « protestantisation croissante de sa pensée », puis enfin les années 1968-78, Corbin se positionnant alors encore plus fermement contre une « socialisation du spirituel » ; Daniel Proulx jette un éclairage passionnant sur l’opposition, croissante à cette époque, entre « modernité et tradition », « théologie et philosophie ».
Une dérive, lente et insidieuse, tendant vers une sécularisation des esprits, des individus et des sociétés… L’antidote ? Reconsidérer, favoriser même, la compréhension de l’homme dans sa dimension verticale, en rétablissant une véritable anthropologie spirituelle qui plonge aux racines de l’Homme (radix en latin donne radicalité en français).
« La séparation entre la théologie et la philosophie fut le premier symptôme d’une sécularisation de la conscience ».
A une époque comme la nôtre, caractérisée par un affadissement mainstream et superficiel généralisé, où même les notions de « spiritualité » et de « conscience » cèdent le pas aux impératifs marchands et débilisant, Daniel Proulx brosse ici, à travers les écrits d’Henry Corbin et ses considérations quant au « combat », de nombreuses pistes de réflexions. Et de méditations.
Sa conclusion ? « Percevoir la conscience spirituelle, voilà l’objet du combat spirituel… »
Exposé enregistré donné dans le cadre des Journées Henry Corbin que nous remercions.