Les anges de la Parole chez Ibn ‘Arabî
L’exposé précédent, de Christian Jambet, avait souligné la place centrale qu’occupe la « Lumière » dans la pensée de Sohravardi ; et comment celle-ci, par une ascèse de chaque instant, pouvait, graduellement, descendre en chacun de nous. Un processus, par essence évolutif, qui s'oppose à toute forme de rigidité, ou mécanicité, et qui nous renvoie, nous autres humains, à la notion de pure « potentialité ». Un terme qui peut être compris comme une bascule, une ouverture, entre le monde de la philosophie conceptuelle pour entrer dans celui de la métaphysique.
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Un monde où la mystique, la théologie - donc les anges - (sans l'intercession desquels nous ne pourrions rien comprendre) ne sont jamais éloignés...
« Les anges nous voient, même si, nous, nous ne les voyons pas » (Ibn ‘Arabî)
Ibn ‘Arabî vécut, comme Sohravardi, au XIIème siècle – et au XIIIème. De nos jours encore, il est considéré comme l’un des plus grand interprète et commentateur de la mystique musulmane.
Pierre Lory tente ici de dresser un tableau exhaustif de la place, du rôle, des anges, dans l'Islam, sous l'angle et la plume d' Ibn ‘Arabî. Une interprétation riche en nuances, où le Coran apparaît comme « traduction angélique de la parole divine » et où le mot clef demeure : évolution.
En effet, si les anges sont, à quelques (notables) exceptions près, exclusivement dévolus à leurs missions, et leurs louanges ne sont jamais interrompues : le propre de l'homme c'est justement d'avoir la liberté d'opérer un choix. Evoluer ou régresser.
Souhaitez-vous ainsi découvrir ce qu'Henry Corbin nommait langage imaginal (« la langue qui permet aux anges de s'adresser aux hommes »), parcourir quelques-uns des 98 Noms de Dieu, ou lever le voile sur une interprétation « onirocritique islamique » des rêves ?
Un chemin qui, au-delà de son enveloppe religieuse, nous invite à mettre sous cloche la cacophonie du monde (et son cacodaemon !) et où, nous-glisse Pierre Lory en guise de conclusion, « l’homme ordinaire peut participer à cet Homme parfait en incorporant quelque-chose de cette présence angélique... »
Nous remercions les Journées Henry Corbin pour leur accueil.