Francs-maçons et Illuminés face à l’inquisition dans l’Avignon pontificale
Avignon devint, en 1305, un « état pontifical » à l’initiative du funeste roi de France, Philippe le Bel, bien connu des amateurs de la « Tradition » pour avoir été le cruel et injuste exterminateur de l’Ordre des Templiers. A partir de cette date, Avignon grandit au point de devenir la seconde ville du Royaume de France. Et bien que les Papes rejoignirent Rome quelques décennies plus tard, elle conserva ce statut un peu particulier de demeurer un « Etat dans l'Etat » dans le Royaume, du moins.
abonnez-vous pour un accès à tout le catalogue !
Un lieu d’exception, donc, attirant vers lui puissants, marchands, artistes, intellectuels… et francs-maçons.
Des « bulles » qui ne font plus aucun bruit. Sauf en Avignon...
Traversons quatre siècles : nous sommes en 1738 et Avignon est devenue, bien malgré elle, le plus grand centre maçonnique provincial du Royaume de France. Comment se passe cette cohabitation ? Rappelons que la jeune franc-maçonnerie n'a alors que « vingt ans », du moins dans la forme que nous connaissons actuellement.
La prime jeunesse de cette forme nouvelle de spiritualité, nommée alors « société des francs-maçons », ne bénéficia toutefois d’aucune bienveillance de la part des tribunaux de l’inquisition. Et les premières bulles d’excommunication vont être prononcées par le Pape Clément XII en cette année de 1738 …
Si, à cette époque, dans l’ensemble du Royaume de France, gouverné par le « bien-aimé » Louis XV, ces excommunications n’avaient strictement aucune espèce d’importance, et encore moins force de loi, en revanche « en Avignon », elles avaient forces exécutoires ! …
Thierry Zarcone, historien (GSRL et CNRS) a épluché, justement, pour notre plus grand bonheur, ces archives et nous replonge ici dans les relations que francs-maçons et, un peu plus tard, « Illuminés » entretinrent avec l’Inquisition de cette Avignon pontificale. Des relations qui furent souvent tendues, et prirent parfois l’allure d’un jeu de dupe, notamment quant à la question des abjurations demandées par les hommes en noir (les Dominicains) aux hommes parés de tabliers blancs (les Maçons)....
Certes, et c'est dans un sens heureux, contrairement aux persécutions précédentes (Cathares, Templiers, Communauté de Port-Royal), la poudre et le sang n’ont ici pas parlé, mais il n’en demeure pas moins que ces dernières persécutions (nous sommes un demi-siècle avant la Révolution Française) apparaissent comme les dernières crispations d’un monde ancien « finissant »…
La Rose, qui trône au milieu de la Croix, n’a-t-elle jamais perdues ses épines ?
Nos remerciements vont à Politica Hermetica pour son accueil et organisation.